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Le bouton repéré

...ou comment démarrer sur la bonne note sans compter ses boutons lorsqu'on joue dans le noir.


C'était il y a longtemps, en mille neuf cents... euh, enfin, il y a très longtemps... Je jouais du diato depuis un an, et j'étais fier des quelques morceaux que je jouais de mon mieux pour faire danser les amis. Et on m'a demandé de jouer, d'illustrer de façon musicale une pièce de théâtre ! Chouette !


Durant les répétitions, tout se passe bien, je propose des airs, on choisit, adapte, ajuste le timing... On répète, et la pièce commence à prendre tournure. Jusqu'à la générale, les répétitions se passent quasiment sans décors, et pas sur une scène, mais dans une salle, sans lumières ni rideau.

Et voilà la générale ! Dans une jolie petite salle aux fauteuils cramoisis, au rideau de velours qui s'ouvre et se ferme à la manivelle, il y a même des "loges" pour les "artistes", on se concentre. Il y a des éclairages, et aussi l'absence d'éclairage selon les moments : le noir entre scènes... et c'est aussi le moment où j'interviens.


Là, je me rends compte que je dois démarrer mes morceaux dans le noir, sans jouer de notes pour me "situer sur le clavier" avant le début du morceau, sans savoir où mes doigts doivent appuyer. Je n'ai jamais appris à jouer avec des numéros, seul le nom de la note m'évoque quelque chose, et je n'ai pas pensé à compter les boutons pour savoir où commencer. Mais je me suis rappelé l'astuce utilisée sur les diatoniques système "Club", qui ont un bouton rayé au milieu du clavier.



Et le soir même, zou ! j'ai pris une petite scie à chantourner, et j'ai scié quelques rayures sur mon bouton 7, le Si / La de la rangée extérieure.


Simple, non ?


Le résultat fut sans équivoque : un repère discret, qui se voit très peu me permet depuis de savoir instantanément où se trouvent mes doigts, dans la majorité des morceaux car le "7" est de loin le bouton le plus utilisé dans notre répertoire breton et français.

Je l'ai depuis lors systématiquement utilisé, et aussi proposé sur mes instruments.




Pourquoi le bouton 7 ?


Le bouton 6 ne serait-il pas mieux, puisqu'il est au milieu du clavier ?


Ça dépend du répertoire et du doigté que vous utilisez, mais à mon avis et toujours pour le répertoire breton et français, le 7 est fréquemment situé sous le majeur, en plein milieu de l'aire des notes les plus utilisées. Faites donc le test : dans votre répertoire, combien de morceaux commencent par le 6 ou le 7 (en première ou deuxième note) ? Jouez-vous plus souvent le 4 ou le 9 ? (le 4 est 2 boutons en-dessous le 6, le 9 est 2 boutons au-dessus du 7) ?


Pour ma part, et sachant que la touche 7 est la plus utilisée du diato par chez nous (c'est aussi l'anche qui casse le plus fréquemment), c'est avant tout le côté pratique que je mets en avant, bien plus que l'aspect esthétique qui mène à mettre la touche repérée en 6 (milieu du clavier) par des fabricants qui ne jouent pas notre instrument (ou pas notre répertoire).


Car les personnes qui nous voient jouer ne voient pas ce bouton particulier, même celles qui sont au courant de l'existence d'un bouton repéré.

Alors, pour ma part, y ayant longuement cogité, je choisis le côté pratique plutôt que la solution esthétique.



D'aucun préfèreront une touche évidée, ce que nous faisons aussi à l'atelier. Pour réaliser cette opération vous-même, une perce légère avec une grosse mèche et du papier à poncer devraient faire l'affaire.







Et la pièce de théâtre, me direz-vous ? C'était magique, ce fut une belle réussite, nous l'avons jouée 2 fois (seulement) et nous sommes tous restés comédiens dans l'âme.

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